lundi, avril 10, 2006

CULTURE ET INTERDÉPENDANCE


Une brèche semble prendre de l'expansion depuis ces derniers jours dans l'espace culturel québécois. Des figures de proue, et non les moindres, remettent en question la belle unanimité qui a prévalu dans ce qui était, jusqu'à tout récemment, l'uranium des missiles indépendantistes : les bonzes du milieu culturel Michel Tremblay et Robert Lepage ne croient plus au projet péquiste.

Il est vrai que René-Daniel Dubois avait brisé le mur du silence voilà quelques années, mais la foudre s'était alors abattue sur lui.

Jocelyn Létourneau, un des intellectuels québécois les plus importants de ce nouveau siècle, est celui qui a su le mieux cerner l'âme québécoise dans toute son ambivalence et sa complexité. Le temps de l'indépendance est révolu. Est maintenant venu le temps de l'interdépendance : « les tensions intercommunautaires sont non seulement des phénomènes qui peuvent être source de créativité mais elles sont inhérentes à l'interdépendance et donc incontournables dans la plupart des sociétés contemporaines». « L'ambivalence des nôtres doit être acceptée », souligne l'intellectuel.

« Le sempiternel débat entre souverainistes et fédéralistes, qui recycle un stock de mythistoires et d'argumentaires ayant peu évolué depuis 40 ans, ne mobilise plus comme auparavant ceux et celles qu'il devrait intéresser ou impulser », écrit-il. Selon lui, le débat politique actuel est « d'un ennui mortifère » et se caractérise par un manque d'imagination « de plus en plus désolant ». Il souligne que la question du Québec, posée en dehors du paradigme nationalitaire, n'a fait l'objet d'aucun ouvrage marquant depuis plusieurs années.

Un nouveau Québec se lève et on ne pourra le contenir encore très longtemps. Les nouveaux nationalistes - ceux qui conçoivent un Québec différent, plus juste socialement, plus puissant, moins isolé au sein de la fédération canadienne et plus uni avec le ROC (Rest of Canada) - seront bientôt majoritaires. Ces nouveaux nationalistes sont déterminés à faire sentir les effets de la souveraineté culturelle et économique d'un Québec qui renaît et se réinvente.